Les dames du marché.
Tu ne sais pas pourquoi, mais qu'importe. Les marchés sont toujours des lieux magiques. Leur architecture passante, les voix qui s'appellent, se répondent, les produits étalés excitent les sens. Peut-être une sorte de sein maternel, odorant, prometteur de réjouissances orales. Ici, on peut regarder, tâter, goûter. Les formes sont variées, colorées, jouent des rayons du soleil. Tu peux regarder sans acheter, marchander. Peut-être aussi le moment est propice à la jouissance éblouie. Le matin tôt, tes yeux ne demandent qu'à se gorger de lumière et de sons positifs. Le marché ce n'est pas compliqué. Il suffit de se laisser prendre. Ce qui te touche dans celui de Porto, c'est qu'il te renvoie brutalement aux marchés de ton enfance. Un retour en arrière. Ce ne sont pratiquement que des femmes qui sont derrière les plateaux. Elles semblent descendre des montagnes du Douro, portent dans le regard les marques d'une vie dure, sans plainte. Seulement parfois des mélodies nostalgiques s'échappent de leurs bouches en écartant les pétales fanés de leurs fleurs des champs. Lorsque tu quittes le marché tu sens dans ton dos la brise légère venue de l'océan qui fait chanter les coqs et frissonner les rideaux de l'impossible fortune. Quelques pigeons folâtres se partagent en roucoulant la garde des vespasiennes publiques .